Notre Dame en Bearn

30 avr. 20209 Min

SAINT JOSEPH

Mis à jour : 6 juil. 2021

"Il s'est fatigué au travail pour me procurer le pain et des aliments fortifiants. Il a eu pour Moi la tendresse d'une vraie mère. J'ai appris de lui et jamais élève n'eut un meilleur maître tout ce qui d'un bambin fait un homme et un homme qui doit gagner son pain".


 
"Par sa charité, il vous sauva le Sauveur, tant en ne me dénonçant pas auprès des anciens, qu'en laissant tout par une prompte obéissance pour emmener Jésus en Égypte".
 

 
Selon Jésus, il avait l'habitude de dire quand quelque chose de pénible pesait sur la Sainte Famille : "Élevons notre esprit. Nous rencontrerons le regard de Dieu et nous oublierons que ce sont les hommes qui nous donnent la douleur, et faisons tout ce qui est pénible comme si c'était le Très-Haut qui nous le présentait. De cette façon nous sanctifierons même les plus petites choses, et Dieu nous aimera"

"On l'a fait protecteur des familles chrétiennes et des travailleurs et de tant de catégories. Mais ce n'est pas seulement des agonisants, des époux, des travailleurs, c'est aussi des âmes consacrées dont on devrait faire le protecteur. Qui, parmi les consacrés de ce monde au service de Dieu, quelque il soit, s'est-il consacré, comme lui au service de son Dieu, acceptant tout, renonçant à tout, supportant tout, accomplissant tout avec promptitude, gaieté, bonne humeur constante, comme il l'a fait ? Il n'y en a aucun."

Saint Joseph encourage Jean Edouard Lamy à devenir prêtre...

En effet, comme pour Don Bosco un incendie brûle la maison familiale ainsi que les économies qui serviraient à financer les études au séminaires de Jean Edouard Lamy puis la guerre éclate :

Du livre Père Lamy, Apôtre et mystique :

« Quand je suis rentré chez nous, (du front) mon père avait marchandé encore une année de travail pour moi. Je n'ai pas voulu le récuser, mais cela m'a amené à vingt-six ans. Je voulais être prêtre ; mais, pour cela, où aller ? Avant l'incendie, mon père avait fait les démarches au Petit Séminaire de Langres. De songer au Séminaire de Langres, il n'y avait pas moyen : il y avait cent dix-huit élèves ! S'en allait qui voulait. Rien que de ma parenté, il s'y trouvait les deux abbés Mocquart, l'abbé Chanson, mon cousin Noirot, l'abbé Vauthelin, l'abbé Semelet, l'abbé Thirion et tous ceux de Violot. Ils ne savaient où les caser. Et, du Pailly, l'abbé Henry, l'abbé Poizot, l'abbé Lecouturier... »

« Deux jeunes gens de mon pays, qui étaient devenus Oblats de Saint-François de Sales, à Troyes, m'offrirent de me présenter. Les Oblats me promirent la prêtrise si je souscrivais un engagement de quinze ans chez eux. Venant du Pailly, j'ai fait trois mois de probation ; puis, on a voulu me mettre à la tête de l'Oeuvre de la Jeunesse.

Personne n'avait voulu. Je suis resté dix-sept ans : au début avec le P. Fischer, directeur de l'Oeuvre, puis comme directeur moi-même. C'est là que j'ai mené neuf ans la vie de séminariste. De Troyes, je n'ai guère connu que les usines où j'étais reçu. Une fois par an, je faisais une expédition avec mes jeunes gens. »

« J'ai commencé l'Oeuvre de la Jeunesse avec six enfants. Il en venait par bandes, mais je choisissais mon monde. C'est le premier noyau qui, ensuite, a constitué les cadres et la direction. Je n'ai pas commencé l'Oeuvre, mais recommencé. Elle était bien tombée. Il y avait des professeurs qui s'étaient succédés et un vieux vicaire de Saint-Nicolas, qui ne s'occupait qu'à lire son bréviaire et n'y entrait pas le dimanche. Il disait : « Vous vous amusez, mes enfants ? Alors, c'est bien, c'est bien. »

L'Oeuvre avait commencé rue du Temple, mais l'abbé Tridon, avec ses enfants, en avait été chassé. Il a été rue de la Tannerie, rue de la Treillerie, chassé de partout. Le saint chanoine Tridon tenait quand même. Il racontait :

« J'ai trimballé le mobilier de l'œuvre : un enfant portait un tonneau vide, l'autre une feuillette, moi la Vierge Immaculée d'un côté, et de l'autre Saint-Joseph, un gamin des cordes, un gamin une table... nous avons succédé à un marchand de vin, qui était parti. J'avais mis Saint Joseph sur la feuillette, et, comme il convient, la Sainte Vierge sur le tonneau, et on a prié devant eux. Le marchand de vin est revenu chercher ses affaires : les gamins ne voulaient pas le laisser entrer. Il y a eu bataille, et j'ai dû payer les bouteilles cassées. »

Le brave homme de propriétaire, M. Sauveur Cazelle, lui a loué pour 30 francs par an. Ils se sont bien entendus ensemble. Il a donné un spectacle, où on est venu des environs. Le P. Tridon a recueilli des fonds et fait faire la Vierge de pierre, l'Immaculée-Conception, en premier lieu, qu'on a mise au milieu de la cour. »

— « Vous avez connu le chanoine Tridon, mon Père ?

— « Ah non ! Il était mort. L'abbé Edme Lambey, avec lui, a dirigé le patronage, et, après lui, seul ; puis, avec le F. Nicostrate et le F. Amosilien, qui l'aidaient. Le terrain était coupé en deux. L'autre propriétaire, un saint homme, un petit homme, a donné au P. Tridon le terrain. Il avait une bicoque à l'emplacement de la chapelle. Le P. Tridon a fait reconnaître, à ce moment-là, l'Oeuvre d'utilité publique par l'Empereur, ce qui l'a sauvée plus tard. La statue de la Sainte Vierge était là, au milieu du jardin (de la cour), et il y avait de bien beaux arbres ; ils sont morts. Avec les gamins, rien ne résiste. »

« Après le P. Tridon, le P. Lambey, qui aidait, a été nommé directeur par Monseigneur. Il se faisait un bien énorme. Il avait de la fortune personnelle et il fit faire une quête de soixante et quelques mille francs. Il y avait un bon jeune homme, Grandidier; le P. Lambey se fiait à lui : ils ont dépensé follement et très mal construit. Il n'y comprenait rien. Il pensait dépenser 100.000 francs, mais l'héritage de son père, tout y a passé. Le P. Brisson fondait les Oblats : il est entré chez les Oblats. C'était un saint prêtre. On lui adjoignit le P. Fischer : ça a mal tourné. On a mis un abbé, qui a mal tourné : ça a fait une déconfiture, et on m'a fourré dans ce guêpier. Dix-sept ans de pénitence ! Je le méritais bien. Le P. Fischer était un brave homme; mais pour diriger les jeunes gens, incapable. »

« A la reprise de la retraite annuelle précédant Son Assomption, la Très Sainte Vierge m'aida à surmonter les difficultés créées à cette occasion. Les jeunes gens n'en voulaient pas. L'établissement était loin d'être bien conduit. Les deux fondateurs étaient deux saints prêtres, habiles à diriger les âmes. Le directeur était bon homme, aimant à rire, mais incapable de diriger les âmes. Il partit en vacances. Je voulus rétablir la retraite, qui avait existé autrefois, mais dont on avait perdu l'usage. Et elle eut lieu. Je fis une illumination dans la cour pour la clôturer avec un peu de solennité.

Pour les patronages, il faut débuter par une sélection très sévère des éléments. La prière, et la prière des enfants, doit être à la base de tout. Au début, après avoir renvoyé une centaine de jeunes gens, j'en ai agréé six. L'Oeuvre n'en a guère compté plus durant un ou deux ans. Le nombre des jeunes gens a, dès lors, fortement augmenté, mais j'ai continué à les sérier en plusieurs catégories. »

« Je n'avais pas de ressources, et l'Oeuvre avait 70.000 fr. de dettes. On avait construit sans avoir l'argent suffisant. J'avais accepté la succession. Nous faisions des pièces de théâtre et des sermons de charité. Je n'ai plus laissé que 40.000 francs de dettes.

Le théâtre, c'était la ressource, et j'allais faire une quête : c'était une quinzaine de cents francs. Ils n'étaient pas larges les Troyens ! Il y avait 900 francs d'impôts, l'éclairage, le chauffage, et les carreaux, qui n'étaient pas en fer ! Et j'avais loué 2.400 francs la vieille Oeuvre. Mais le mur, que j'avais dû élever pour la séparer de l'établissement, m'avait coûté près de 5.000 francs. De ce fait, j'ai été deux ans sans toucher.

C'est le théâtre qui faisait vivre. On jouait une pièce tous les mois. Le Gondolier de la Mort , l'Auberge du Chat qui fume, c'est de mon répertoire : il y en a toute une série comme ça. Ce n'est pas une petite chose de monter des spectacles ! La dépense en costumes est très grande. J'étais heureusement aidé par la Comtesse de Saint-Avoye, bonne et sainte femme, qui me prêtait quantité de vieux costumes, qui lui venaient je ne sais d'où. Il y en avait en soieries magnifiques. Je demandais des défroques partout, et on m'en donnait beaucoup. Que de vieux costumes de toutes sortes ! Nous avons reçu beaucoup de vieux costumes de 1848, à parements rouges : c'était superbe ! Avec des bonnets énormes ! Et des tricornes ! C'était la joie de mes gamins d'être habillés. On en mettait sur le perron, et sur la scène, deux par deux, en uniforme, avec des fusils à pierre. Deux œuvres de jeunes filles me faisaient des costumes ; on leur donnait des cartes pour les spectacles en échange. Ce serait maintenant Ghéon qui me donnerait des pièces. »

« J'avais sept à huit pensionnaires, que je logeais dans un dortoir de la maison, et trois ou quatre Frères de la Doctrine Chrétienne. Les anciens propriétaires de l'établissement y logeaient également. Tout cela demandait du doigté. La salle Saint-Joseph était prêtée à la Gymnastique, à diverses sociétés de concerts: toutes les soirées étaient prises. »

Le bon vieillard offrant un jour à ses jeunes religieux un crucifix des stations en marqueterie de Palestine.

« L'objet, dit-il, ne vaut pas cher, mais je l'ai bien payé 400 francs. J'avais reçu un jeune homme à Troyes, à l'Oeuvre de la Jeunesse. Il était très pauvre, mais toujours vêtu de façon assez élégante. Je le nourrissais pour 40 sous par jour, et, réellement, je ne pouvais faire à moins. Il me disait : « Mon protecteur voyage. Il viendra; il règlera mes dépenses. » Le premier mois passe, le second passe. Je lui dis : « Donnez-moi un acompte. Vous ne pouvez pas me demander l'impossible ! » Au bout de cinq mois, six mois, un jour, je revenais exténué des usines. J'avais de mes protégés, que je plaçais par-ci, par-là, dont on était très content, d'autres dont on était simplement content, d'autres, enfin, qui marchaient très mal. Ce jour-là, j'avais reçu une avalanche (souriant) : pas de coups de bâton, mais de reproches. Je vois le jeune homme, avec un autre individu, qui emportait la malle. Il me dit encore : « Je vais payer ce soir. » Le paiement a été le crucifix qu'il a oublié. Il sera bien à G. Je tiens à ce que ma chambre soit vide quand je m'en irai. »

« Où logiez-vous, mon Père, à Notre-Dame de la Sainte-Espérance ?

— Ma chambre a été la première en montant l'escalier des Frères, le plus près du chemin de fer. Et ensuite plus haut, avec un simple vasistas, la première après l'escalier. 

— Avec un simple vasistas ? Alors votre logement n'a pas été en s'améliorant ? »

Lui, riant : « Plus je montais, plus je descendais ! La première chambre a été bien commode par sa vue sur le jardin. Je voyais la pompe, où se réunissaient les jeunes gens, les cabinets et le bûcher. Il faut tout surveiller ! Je voyais et j'entendais tout. Quelques marches, et j'étais au milieu d'eux. Et je voyais les trois quarts de la cour. J'avais mes notes journalières. Je regrette de les avoir brûlées. Pour les bonnes mœurs, il faut avoir l'oeil, et surtout l'oreille. En particulier, je saccais, mais pas en public. Le plus terrible, c'étaient les sociétés civiles, qui n'étaient pas difficiles pour le recrutement, surtout s'il s'agissait de détourner quelqu'un du patronage. »

« J'étudiais quand je pouvais, et je n'étais guère libre que la nuit. J'avais eu une instruction à peine primaire. Et j'avais deux cours : un de théologie et un de latin, le mardi et le vendredi. Et puis, le début n'avait pas été trop lourd, car j'avais renvoyé la plupart des enfants pour garder les bons. C'était nécessaire. J'ai été extrêmement sévère dans les débuts. J'avais deux heures par semaine ! Je voulais toujours devenir prêtre, mais je n'en concevais plus le moyen. J'allais me retirer, ne me trouvant pas les qualités nécessaires. J'étais désespéré. C'est alors que m'est apparu saint Joseph. Il a fixé ma vocation. C'était à Troyes, dans la chapelle Notre-Dame de l'Espérance, dans les premiers de mars. Il m'a parlé assez longuement et a déterminé ma vocation. Il a dit : « Soyez prêtre. Devenez un bon prêtre ». Ce n'est pas dire que je le sois devenu, mais j'ai fait tous mes efforts pour tâcher d'arriver à ce but. « Soyez prêtre ! » Ça a été très impératif (sur un ton très ferme, et avançant la main comme pour jurer). C'était le soir. Les jeunes gens venaient de s'en aller. Je fermais la porte et j'entrais quelques minutes dans la chapelle pour avoir un moment de recueillement. Dans la journée, ça m'était bien difficile. C'était au moins à 11 heures du soir, plus de 10 heures et demie. Avec les jeunes gens, il faut tout surveiller ! Quand ils étaient partis, j'allais dans tous les coins, je passais la revue des fenêtres, pour voir si elles étaient bien fermées. Il y avait un lumignon de gaz tourné très bas, qui était allumé auparavant durant la prière. Devant le premier pilier à droite, dans la nef à droite, j'étais à genoux sur l'agenouilloir – c'étaient des bancs – et lui debout sur le plancher, à côté de la colonne. Il était lumineux par lui-même. Le saint était dans sa gloire, pas dans sa grande gloire, dans sa gloire très douce. Tel que je l'ai vu, saint Joseph devait avoir plus de soixante ans. Sa barbe était comme ses cheveux ; il n'est pas chauve, mais très grisonnant. Il avait une robe brune, avec quelque chose autour du cou, qui formait un pli pendant sur le devant. Il portait du très gros. Je crois qu'il avait une ceinture. La Sainte Vierge dit de lui : « Mon saint époux », et le mot de saint, dans Sa bouche, est chose tout à fait remarquable. Saint Joseph s'est montré à moi pieds nus, comme toujours la Sainte Vierge et Notre-Seigneur. Peu après, j'ai reçu les ordres mineurs (21 mars 1885). C'est saint Joseph qui m'a annoncé mon départ de Troyes, sans me donner de précision. »

Prière à Saint Joseph

de Saint François de Sales

Glorieux Saint Joseph, Epoux de Marie,

Accordez-nous votre protection paternelle,

Nous vous en supplions par le Cœur de Jésus-Christ.

Ô, vous dont la puissance infinie s’étend à toutes nos nécessités

et sait nous rendre possibles les choses les plus impossibles,

Ouvrez vos yeux de Père sur les intérêts de vos enfants.

Dans l’embarras et la peine qui nous pressent,

nous recourrons à vous avec confiance.

Daignez prendre sous votre charitable conduite

cette affaire importante et difficile, cause de nos inquiétudes.

Faites que son heureuse issue tourne à la Gloire de Dieu

et au bien de ses dévoués serviteurs.

Ainsi soit-il.

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